Faits et Effets de la parole divergente: questions pour l’acquisition du langage

Abstract

Cet article a pour but d’analyser la production des enfants en tant qu’état de langue marqué par l’hétérogénéité - un domaine qui invite à prendre en compte la théorisation saussurienne, puisqu’on ne saurait le pénétrer sans « toucher du doigt le jeu du mécanisme linguistique » (CLG : 227). Consacré aux faits linguistiques ainsi qu’à leurs effets dans les dialogues avec l’interlocuteur (la plupart du temps un adulte), nous essayons, dans le cadre de l’élaboration théorique de De Lemos (2002), d'explorer la parole de l'enfant comme événement d'un sujet pris par l'ordre de la langue, dans un mouvement plein d’innovations (méthodologie longitudinale). Quelques-unes seront prédictibles, d’autres, insolites, touchent aux limites consolidées de la langue. Un tel renouvellement se manifeste par des occurrences qui peuvent surprendre les auditeurs, à tel point qu’on pourrait les qualifier d’étranges, voire de drôles (le rire en tant qu’effet). L’évidence empirique disponible (morphologie verbale et nominale) nous fait voir que la réflexion qui se dégage de la doctrine théorique de Saussure participe autant de la variation débordante que de la perte (l’oubli structurel) de cette variation – un déclin des formes débordantes (ou variations flexionnelles discordantes) dans le parcours de l’enfant attestant un ordre relativement stable. Stable, mais non pas immuable. Concernant la flexion verbale, on s’interroge sur le lapsus linguae dans la parole de l’adulte, en tant qu’irruption momentanée évoquant chez l’adulte une combinaison tombée dans l’oubli de la langue.